Fin de partie
- Le théâtre occidental est marqué par la conception aristotélicienne qui considère que le propre de la dramaturgie est de représenter le déroulement d’une action (drama = action en grec).
- Or, chez Beckett, la temporalité floue (absence de repères datables, indétermination des indications temporelles : « un jour », « bientôt », « pas encore », « depuis toujours »…, sentiment de répétition : « tous les jours », « c’est toujours la même chose »…), le caractère répétitif et souvent absurde des actions montrées sur scène (va et vient de Clov, tentative de s’embrasser alors qu’ils savent que c’est impossible par Nell et Nagg, composition circulaire de la pièce qui se clôt sur une image rappelant l’ouverture, etc.), le peu de consistance de l’intrigue (Clov partira-t-il ou non ?), qui ne connaît aucun dénouement (Clov en tenue de départ mais restant sur scène à la fin), remettent radicalement en question cet aspect de la théâtralité.
Il s’agit donc d’une dramaturgie très déroutante. B. Le tableau d’une désolation absolue
- Cette désolation touche aussi bien les personnages que ce qui les entoure.
- Personnages : corps mutilés, amoindris ; immobilisation présente (Nagg et Nell, Hamm) ou à venir (Clov, qui marche et voit de plus en plus mal, et à qui Hamm prédit un sort similaire au sien) ; noms monosyllabiques qui résonnent plus comme des sobriquets que de véritables noms propres et qui renforcent le déficit d’identité des personnages ; absence de la cohérence donnée par le « caractère » du théâtre classique, ou par la psychologie du