11 février 2009 - N° 76

Le rôle des banques dans la crise : coupables mais pas toutes seules
On attribue souvent aux banques un rôle central dans le déclenchement et l’aggravation de la crise. Il est donc intéressant d’essayer de comprendre ce qu’a été et ce qu’est aujourd’hui la responsabilité des banques. La situation présente ne montre pas une responsabilité majeure des banques, contrairement à ce qui est souvent avancé : le recul du crédit aux ménages vient du comportement des ménages ; la hausse des primes de risque sur les crédits bancaires aux entreprises qui contribue au freinage de ces crédits est la correction normale d’une anomalie, et de plus n’a pas beaucoup d’effet sur la croissance. Le comportement des banques avant la crise peut par contre être critiqué, si l’on paie attention à l’hétérogénéité des situations des systèmes bancaires entre les différents pays : ce qui est vrai aux Etats-Unis ne l’est souvent pas dans la zone euro. Ceci est parfois oublié. Avant la crise, les banques, de manières très diverses d’un pays à l’autres : − − − − − ont mal tarifé le risque, ce qu’elles corrigent aujourd’hui ; ont développé exagérément leurs activités très risquées (trading pour compte propre), d’où les pertes ; ont prêté (aux Etats-Unis, au Royaume-Uni) sur la base de la richesse et non du revenu de l’emprunteur ; ont considérablement accru la taille de leur bilan et de leur endettement ; ont transformé des crédits risqués en actifs (titrisés) apparemment sans risque, pour les vendre aux investisseurs, le degré de risque étant apparu plus tard.

RECHERCHE ECONOMIQUE Rédacteur :

Patrick ARTUS

Mais il faut prendre garde au point suivant : les trois derniers « biais » de comportement des banques, avant la crise, ne résultent pas de leur seule initiative mais participent à un programme concerté de stimulation de l’économie et de satisfaction de l’appétit de consommation par le crédit, dans lesquels les banques jouaient un rôle, mais aussi les banques