Florence dans Lorenzaccio
La ville de Florence se présente comme ambivalente, prise entre son passé mythique et l’image dégradée que Musset donne à voir. Elle fait l’objet de vives critiques dans le discours de nombreux personnages.
• La tyrannie et le vice Elle peut être considérée comme un enjeu majeur de la portée critique de la pièce dans la mesure où elle est présentée comme le berceau de la tyrannie et le lieu d’épanouissement du vice. À cet égard, Florence, comme un personnage vivant, semble à l’image de son tyran, Alexandre : « si le duc ne sait pas que sa ville est une forêt pleine de bandits… et de filles déshonorées… » (I, 1), « Florence la bâtarde » (I, 6). Cité pervertie, lieu de fêtes et de débauche, elle est très souvent érotisée par un Lorenzo très lucide : « une courtisane », « un mauvais lieu », « une catin » (II, 2). Ces images érotiques très nettement péjoratives assimilent la ville à une femme bafouée, une prostituée soumise à la tyrannie, corrompue par les excès qu’elle engendre. De ville fleur, elle devient une « fange sans nom », (I, 6) lieu par excellence de la souillure. Elle est un espace de perte des valeurs morales où le travestissement et la débauche sont valorisés.
• Des valeurs perdues Elle est également un espace où les valeurs patriotiques sont bafouées. Philippe et Lorenzo déplorent, sur un ton pathétique, la perte de ces valeurs (« Pauvre ville ! » « Pauvre patrie ! » (II, 5) ; « Pauvre Florence ! » (IV, 7)), tandis que les bannis de la ville expriment avec amertume la nostalgie d’une grandeur passée : « spectre hideux de l’antique Florence » (I, 6). Seul Tebaldeo, le jeune peintre, exprime une vision encore idéalisée de cette cité qui est pour lui une source d’inspiration sans cesse renouvelée, en témoigne la métaphore maternelle : « ma mère Florence » (II, 2).
• Une image maternelle dégradée Pour les bannis de la ville, en revanche, l’image maternelle est très nettement dégradée : « peste de l’Italie