Foncier urbain
Les contrôlés contrôleurs
Trente morts et huit cents blessés hospitalisés, des centaines d’habitations détruites, 25 000 logements endommagés, 10 milliards de francs à régler par les assurances : l’explosion de l’usine AZF de Toulouse remet brutalement d’actualité la question du risque industriel en milieu urbain, qu’amplifie le risque terroriste. Il existe en France 1 250 sites industriels dangereux classés « Seveso », dont 680 à haut risque. Beaucoup sont situés dans le tissu urbain, parce qu’il est toujours plus facile de développer des installations anciennes que d’aller chercher des implantations nouvelles D’autant que les pouvoirs municipaux sont les premiers à vouloir retenir les entreprises productrices de taxe professionnelle. L’usine AZF versait chaque année 54 millions de TP à la commune de Toulouse. Les syndicats s’opposent aussi aux délocalisations et les associations de défense de l’environnement seraient les premières à se mettre en travers de tout projet industriel en zone naturelle. On sait que les directives européennes de 1982 et 1996 (Seveso 1 et 2), qui avaient renforcé les obligations de sécurité, ont été mollement mises en œuvre. Alors que les 680 établissements concernés avaient jusqu’au 3 février 2001 pour réaliser les « études de danger », beaucoup ne l’ont pas fait. Cependant, le vice premier du système est sans doute la confusion des rôles. C’est le ministère chargé de l’industrie qui est en charge des contrôles et non celui chargé de l’environnement. Quant aux études de danger, qualifiées par l’administration de « clef de voûte de la politique de prévision des risques industriels majeurs », elles sont réalisées… par les industriels, qui les confient à des bureaux d’étude faisant partie de leur groupe. Cela avait été le cas pour l’usine AZF de Toulouse qui dépendait du groupe Elf, de même que les bureaux Ceca et Atochem qui avaient fait les études de sécurité. Joseph Comby
SeptembreOctobre 2001
n°9 3
12 € - 80 F