Formation des imams en france
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Se livrer à un état des lieux de la formation des imams, c’est d’abord tenter de cerner brièvement qui sont les imams, puis tenter également d’approcher leur lieux d’exercice, leurs discours, qui permettent d’identifier, plus ou moins, leur milieu d’origine, leur formation. Au préalable, on peut se poser la question de l’autorité religieuse dans l’islam transplanté, en Europe. Notre penchant naturel à identifier l’autorité religieuse à un corps clérical hiérarchisé dans les églises nous entraîne vers une recherche d’une sorte de modèle similaire en islam. Cette tendance a toujours existé dans le monde musulman, et dans le monde sunnite autant que dans le monde chiite (on aurait tendance à avancer que la cléricalisation serait une exception chiite), tendance renforcée par les volontés étatiques de constituer puis contrôler un corps de religieux hiérarchisé dans des pays dont ce n’est pas la tradition. Ainsi le Maroc ou l’Arabie saoudite, qui, contrairement à la Turquie et à l’Algérie, ne possédaient pas cette tradition d’encadrement, renforcent leur contrôle des religieux ces dernières années. Tel n’est pas le cas dans les pays occidentaux démocratiques où l’islam est minoritaire : la sécularisation et l’autonomie des cultes d’une part, l’absence de fonctions organiques des différents personnels religieux au sein de la société d’autre part ne favorise pas la visibilité de ces personnels. L’imam en France n’a pas de statut.
Mais l’autorité religieuse ne se limite pas à l’imam et à son discours. Cette autorité religieuse (je renvoie au récent ouvrage paru chez l’Harmattan, « Les transformations de l’autorité religieuse », sous la direction de Martine Cohen, en particulier la contribution de Franck Fregosi) peut apparaître pour le moment éclatée, partagée qu’elle est entre les transmetteurs de la tradition, au sein des familles et les conférenciers, dont certains se défendent d’être théologiens (Tarek Ramadan), mais qui n’en sont pas moins des guides en matière de