Forneret - le pauvre honteux
La misère tout d’abord, est présentée sous sa forme matérielle : le pauvre n’a pas de maison et ses vêtements sont «percés». Il ressent donc «le froid pincée» dans sa chambre «trouée». Sans rien pour se nourrir, il est malheureux comme le témoignent les expressions «horrible pensée» et «frénétique effroi». Cette misère matérielle est renforcée par une misère morale et sociale, le pauvre apparait comme pathétique aux yeux du lecteur : son coeur bat comme une «horloge mal montée», il a «peur» et verse une «larme gelée». Il est seul, coupé du monde car personne n’est là pour l’arrêter dans son acte épouvantable ; malgré tout sa main lui tiens compagnie, il lui parle, mais la tue au bout d’un moment. Il a aussi perdu la raison : il reste un enfant et croit à la phrase qu’on lui avait dite, «Si tu as faim, mange une de tes mains», qu’aucun adulte ne prendrait au sérieux.
Le poète joue également avec le lecteur et les règles de la poésie. Il ne respecte pas la régularité des poèmes classiques : les strophes sont des quintils composés d’un tétrasyllabe et de quatre hexasyllabes.
On trouve également l’anaphore de «il l’a», au début de chaque strophe, qui exprime l’hésitation du pauvre, qui ne peut pas se décider de passer à l’acte. Au vers 40, il y a une succession de tétrasyllabes commençant par «il l’a» qui forment un huitain. L’enchaînement des «il l’a» et des verbes d’actions donne un effet d’accélération : le lecteur est déboussolé. La