François villon : la ballade des pendus
1405 mots
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Villon n'est pas un poète comme les autres : outre cette qualification, il était bandit, trousseur, assassin ; et malgré ses puissantes aides et ses mécènes, il s'est retrouvé plusieurs fois menacé par la justice royale. De rixes en exils, en passant par des cambriolages célèbres, il a été, dès la moitié du XVe siècle, ce qu'on pourrait aujourd'hui appeler le premier des Poètes Maudits (dont la lignée se perpétue notamment par Rimbaud, Baudelaire, Verlaine...) . Côtoyant la mort tous les jours, et même une fois devenu chair de potence, il ne semble pas se faire impressionner par la Faucheuse en composant ses Lais : un recueil qui parodie un testament. C'est également le sujet de son œuvre la plus grande, Le Testament, composé dit-on lors de son attente de l'embrassade du grand spectre sombre, dans le couloir de la mort. Ici, l'ironie ne pointe plus ou presque : c'est l'enchevêtrement affolant entre morts et vivants qui l'interpelle, à la manière des danses macabres qui courent dans les murs de son pays d'alors. La Ballade des pendus est donc un appel d'un Villon déjà mort, ou medium de ses prochains compagnons, auprès des vivants. Il s'adresse aux vivants, mais pas dans n'importe quelle visée.
En quoi ce texte constitue-il une litanie ?
Notre première étape nous mènera à comprendre ce que les morts veulent des vivants et comment ils l'expliquent ; puis dans un deuxième temps nous nous intéresserons au lien indissociable entre morts et vivants, et la danse qui les agite.
Tout d'abord, cette Ballade des Pendus est une adresse des morts aux vivants. Les trépassés veulent susciter la compassion des vivants, même s'ils ne la méritent pas.
Cette prière a pour objet la compassion des vivants à l'égard des pendus. A l'entrée de la ballade, l'impératif est suppliant : « N'ayez les cœurs contre nous endurcis. », autrement dit « Vous, Hommes, ayez pitié de nous pauvres pendants ». Nous retrouvons cette idée tout au long du poème : au dernier vers chaque strophe –