Fran ais litt rature
Mon premier amour
21 septembre 1943
Elle me regarde... Je préfère éviter son regard. Je sens le sang me monter à la tête. Je dois sans aucun doute être écarlate du menton jusqu'aux oreilles.
- Eh vieux... ça va?
J'ose relever la tête d'un mouvement léger pour lui jeter un coup d'oeil furtif. La sonnerie retentit. Ouf! Elle ne me regarde plus. Jules suit mon regard et son visage se fend d'un large sourire. Jules est mon meilleur ami d'enfance. 15 ans, comme moi, les cheveux noirs, un grand sourire qui sort souvent et facilement, des yeux bleus aussi pétillants que son caractère, Jules est toujours plein d'entrain et toujours à l'écoute.
- Alors, c'est qui l'heureuse élue?
- De quoi tu parles? je réponds, alors que je le sais très bien.
- Allez, fais pas ton mystérieux!
Je pousse un sourire résigné. On dirait que je n'ai pas le choix:
- D'accord, d'accord. Tu as gagné. Elle s'appelle Azelle Roma. Elle est dans la classe 4.
- Azelle?... mais elle est juive, non?.. ça ne va pas poser un problème à ton père? Et puis... vous vous êtes déjà vus? me demande-t-il d'un air inquiet.
- Oui. Cela fait deux semaines qu'on se voit après les cours. Je l'ai invitée au cinéma ce soir.
- Bonne chance vieux! me crie-t-il en me faisant un signe de la main pour me dire au revoir.
Les heures passent. Je rentre à la maison, je me prépare en attendant 19 heures. J'entends quelqu'un entrer. Mon père, sans aucun doute.
- Hei, mon fils! dit-il en tendant son bras. À croire qu'il salut Hitler plutôt que moi.
En réalité, mon père est un dirigeant du parti nazi.Voilà pourquoi le fait que je sorte avec une juive va poser problème. Évidemment, quand on vit à Berlin en 1943, alors que nous sommes en guerre, il ne fait pas bien de s'opposer à Hitler. C'est pourquoi je réponds toujours, à contrecoeur:
- Hei, mon père...
Je déteste ça. Je ne vois pas