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« Tout texte n’est jamais que l’empreinte d’un autre » Jean-Luc Hennig
Depuis les origines de la littérature, les auteurs ont fait le constat que l’écriture est une réécriture. Que l’on lise L’Écclésiaste ou les Caractères de La Bruyère, la nouveauté semble illusoire, tout a déjà été écrit et l’homme ne fait que reprendre et réagencer les textes. On parle bien à ce titre de textes fondateurs (récits mythologiques et bibliques) pour évoquer ces pionniers des formes et des genres, pour rappeler en même temps qu’ils inaugurent une lignée littéraire. L’Humanisme et l’Âge classique vont d’ailleurs faire de l’imitation des textes antiques, modèles jugés indépassables, un préalable à la qualité des écrits. La querelle des Anciens et des Modernes au XVIIe siècle est l’une des manifestations de ce débat entre partisans de la fidélité aux précurseurs et d’une forme d’émancipation.
Ce dossier thématique examine le thème de la réécriture dans ses différents aspects: traduction, adaptation, modernisation, reprise de formes, de motifs, de styles, de mythes, fidélité et parodie, lecture et écriture, modernité et classicisme.
« Parce que je survole un texte célèbre, chacun croit l’entendre pour la première fois. » (Cocteau, Antigone)
Les modalités de ces réécritures demeurent néanmoins multiples. La transposition la plus fidèle d’un texte est à première vue sa traduction, versant heureux du plagiat, variation infime apparemment puisque simple passage du même dans une autre langue, un autre goût et une autre sensibilité, comme le firent Du Bellay avec les Tristes d’Ovide ou Apollinaire avec la « Loreley » du poète allemand Clemens Brentano. Le poète accompagne ainsi un texte dans sa langue, semblant substituer à sa part de création un choix, un regard, une lumière portée sur un texte antérieur, par ce qui pourrait être compris comme un geste de totale soumission à son modèle, presque comme un effacement de soi.
« Dès que je lisais un auteur, je