Sujet Dissertation ; La Fontaine écrit dans sa préface aux Fables, « L’apologue est composé de deux parties dont on peut appeler l’une le Corps, l’autre l’Ames. Le Corps est la fable ; l’Ame, la Moralité. » Le critique Sainte-Beuve, quand à lui, écrit : « La Fable, pour la Fontaine, n’a été le plus souvent qu’un prétexte au récit, au conte, à la rêverie ; la moralité s’y ajoute à la fin comme elle peut. » (Lundis, VII). A quoi tient d’avantage le « pouvoir des fables », et plus généralement des apologues : au récit ou à la morale ? Quelle partie de l’apologue vous semble la plus importante ? Vous appuierez votre réponse sur des exemples précis, et notamment sur les documents ci-dessous.

Le mot « apologue » vient du grec ‘ apologos ’, qui signifie récit détaillé et dont le but est de transmettre une leçon. Ecrit en vers ou en prose, il se compose d’une partie narrative et d’une morale. Etymologiquement synonyme du latin ‘ fabula ’ pris au sens de récit, la fable a été pratiquée dès l’Antiquité, en Grèce par Esope au VIe siècle avant J.C, et Ier siècle après J.C par le poète latin Phèdre. Dès cette époque, le sens se trouve infléchi du côté d’un récit à portée moralisatrice. C’est donc un petit récit accompagné d’une moralité, ‘ forme d’argumentation indirect’. L’apologue fonctionne donc sur ce modèle d’argumentation indirect, qui va tenter de convaincre son lecteur à travers un récit qui constitue sa majeure partie. Malgré tout argumentatif, notamment par l’appui d’une morale, il possède un double statut narratif et démonstratif, le ludique s’oppose au « docére ». Ainsi, la Fontaine écrit déjà dans sa préface aux fables ; « L’apologue est composé de deux parties dont on peut appeler l’une le Corps, l’autre l’Âme ». Mais il reformule ce rapport en complétant par ; « le Corps est la fable ; l’Âme la Moralité ». La Fontaine dans cet écrit nous enseigne alors que l’apologue est un récit qui ne se constitue pas seulement d’une leçon moralisante, mais au