Frankenstein pédagogue
Je vais proposer quelques réflexions sur les notions d’enveloppe psychique et de fonction contenante. J’associe d’emblée ces deux notions, car la notion d’enveloppe est indissociable de la notion de sa fonction. En effet l’enveloppe n’est pas un objet psychique en soi, ni même une instance. L’enveloppe psychique est avant tout une fonction, assurée par un certain nombre de processus. Je retracerai l’histoire récente de la notion d’enveloppe et décrirai les modèles actuels disponibles pour penser cette fonction psychique. J’évoquerai aussi la manière dont on peut se représenter la construction de l’enveloppe et l’intériorisation de la fonction contenante. Je proposerai ensuite quelques réflexions sur l’application de tels modèles – et les implications de l’intérêt porté à cette fonction psychique – dans les pratiques soignantes.
Historique, définition et modélisations
On peut considérer la notion d’enveloppe psychique comme une métaphore qui définit une fonction. L’enveloppe psychique n’est pas un objet psychique mais une fonction. Considérer l’enveloppe comme un objet s’inscrirait dans une pensée animiste, en équation symbolique (selon les termes d’Hanna Segal), qui conduirait par exemple à chercher le moi-peau ou l’état du moi-peau d’un enfant à travers les contours du dessin de son bonhomme. Non pas que les contours d’un dessin de bonhomme ne disent rien de l’enveloppe, mais l’enveloppe
* Docteur en psychologie, psychanalyste, maître de conférences à l’Université Paris Lyon 2 (Centre de recherches en psychopathologie et psychologie clinique) 5, av. P. Mendès-France, F-69500 Bron. 1 Cet article reprend une conférence donnée à Lyon lors de la 15e Journée d’Étude de l’ARAGP en janvier 2001.
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Enveloppe psychique et fonction contenante : modèles et pratiques
psychique, ou le moi-peau, ne se réduit pas à la configuration d’un contour. La