Emil Zatopek, la « locomotive tchèque ». Emil Zatopek est une figure emblématique du demi-fond dont l’aura a dépassé ses seules performances. En effet, il doit également en grande partie sa postérité à une personnalité hors du commun qui lui confèrera par ailleurs une capacité morale colossale lors de ces courses où, grimaçant, il marquera les esprits par sa combativité. Sa philosophie semble se résumer en cette phrase célèbre « C’est aux frontières de la souffrance et de la douleur que les hommes se distinguent des garçons ». Mais il dira également plus tard avec humilité « je n’étais pas assez doué pour courir et sourire en même temps. » Son surnom révélateur lui est donné en 1952 par un journaliste français suite à ses trois titres obtenus sur le 5000, le 10000, et le marathon aux Jeux d’Helsinki. Il demeure par ailleurs le seul athlète de l’histoire olympique à avoir réalisé le triplé légendaire de ces trois distances lors de la même édition des jeux olympiques. Il est alors au sommet de sa carrière. Mais avant de briller sur piste comme sur route, l’athlète tchèque n’a pas toujours « trainé ses concurrents comme des wagons ». En 1946, il participe pour la première fois à une course internationale lors des championnats d’Europe d’athlétisme d’Oslo. Il termine cinquième, une place annonciatrice d’une carrière prometteuse, mais il n’y convainc pas l’opinion de sa future suprématie. Cependant, deux ans plus tard, après un entrainement décrit à son époque comme insensé avec régulièrement des séries de 40x400 en 1’15-1’20, il remporte le 10000m aux jeux olympiques de Londres et termine deuxième sur le 5000. Dès lors, sa domination sur le demi-fond va aller croissante jusqu’à ne plus être remise en cause. Il reste invaincu sur le 10000m jusqu’en 1954, battant cinq fois le record du monde de cette épreuve pour franchir la barre des 29min en 28min 54s. Il devient également le premier homme à parcourir 20km dans l’heure (ce qui signifie une moyenne de 20km/h