Gabrielle roy et société québécoise de l'époque 1940
TITRE : CORPUS QUÉBÉCOIS MADAME CHANTAL RINGUET
BONHEUR D’OCCASION : PORTRAIT DE LA SOCIÉTÉ
CANADIENNE-FRANÇAISE DES ANNÉES 1940
PAR
FERNAND FALARDEAU
UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL
17 décembre 2010
---------- Bonheur d’occasion : portrait de la société canadienne-française dans la grande noirceur
Avant Bonheur d’occasion, le roman Québécois nous parlait de l’identité des Canadiens-Français en termes de valeurs sociales traditionnelles propres au monde rural où dominaient le travail de la terre et la survivance de la « race » liée à la famille et à la pratique religieuse. Entre-mêlés à ces romans du terroir, il y a eu, bien sûr des courants romanesques historiques, d’aventu-res et même psychologiques . Mais avec la publication de Bonheur d’occasion, une ère nouvelle s’ouvre, où le milieu urbain occupera de plus en plus le fond de scène de l’action romanesque. Ce roman réaliste, est d’abord considéré comme un portrait de la société canadienne-française de 1940; celui de sa très grande fraction de pauvres concentrés dans les quartiers défavorisés. Pour-tant, ce réalisme social, on l’a également « qualifié de réalisme politique, interculturel, psycholo-gique, féminin, voire maternel » . Fort de cette diversité d’approches, l’analyste de Bonheur d’oc-casion peut donc se prévaloir de plusieurs de ces aspects pour comprendre le grand texte de Ga-brielle Roy. Cette compréhension sera d’autant plus grande si l’on commence par situer l’œuvre dans son contexte de publication, c'est-à-dire 1945, un an après le début de la « grande noirceur ». À partir de cette assise historique, il deviendra évident, pour les lecteurs et lectrices perspicaces, qu’il se dégage de ce texte une constante : la domination que subissent les Canadiens-Français de cette époque ; une domination qui prend plusieurs visages; parfois collectifs, parfois