Gainsbourg (vie héroïque) de joann sfar
Parmi les nombreux films sortis en 2010, Gainsbourg (vie héroïque) valait le détour par sa forme atypique. En effet, ce premier film de Joann Sfar, dessinateur, scénariste de bande dessinée et dorénavant réalisateur français, nous étonne par son allure de biopic qui en réalité est narré comme un conte. Le réalisateur y mêle faits réels de l’existence de Gainsbourg avec créatures fantastiques et poésie ; une vision particulière de l’homme, conteur avant tout, sur le parcours du chanteur-compositeur. En sélectionnant certains épisodes de sa vie, Sfar la retrace de l’enfance du petit Lucien Ginsburg rejeté par les autres à cause de sa religion juive sous l’occupation allemande, jusqu’à la carrière médiatique et sentimentale du fameux Serge Gainsbourg, où ces mêmes personnes l’aiment et l’adulent.
L’extrait qui, ici-même, sera sujet d’analyse porte sur la rencontre entre Juliette Gréco et Serge Gainsbourg. Celui-ci est invité pour la première fois chez la chanteuse car elle est intéressée par son talent de compositeur. Extrêmement mal à l’aise face à cette belle et mystérieuse femme, Gainsbourg lui joue timidement la Javanaise. Ce passage est marqué par la présence d’un personnage fantastique dessiné par Sfar, représentant une créature née dans l’esprit tourmenté de Gainsbourg, tel un alter-ego.
Bien que la technique cinématographique ne fasse pas la force de ce film dans sa totalité, il est tout de même intéressant de souligner ces différents éléments : Le choix d’une lumière tamisée et propice aux ombres (surtout dans les premiers plans) donne une profondeur aux cadres, créant une ambiance fantastique et nous rappelle l’univers d’un conte. L’utilisation d’un plan d’ensemble du salon avec une grande profondeur de champ, quand Gainsbourg attend Gréco, est judicieuse car elle intensifie le sentiment mal à l’aise que peut ressentir le compositeur: la pièce paraît immense tel une caverne