Galbraith
A partir des années 1950 et dans plusieurs de ses œuvres, qui ont connu un grand succès de public et ont été traduites dans de très nombreux pays, l’économiste nord-américain John
Kenneth Galbraith a affirmé que l’existence d’un fort pouvoir du marché dans le système économique donne lieu à la constitution d’une autre position de pouvoir qui le contraste, voire le neutralise (Galbraith 1952). Ce phénomène a eu lieu notamment sur le marché du travail, où des syndicats forts se sont constitués face à des grands groupes industriels. Mais, à son avis, tous les secteurs industriels oligopolistiques favorisent la création de forts oligopoles à l’achat qui exercent un contre-pouvoir sur les premiers.
L’exercice de ce contre-pouvoir permet, selon Galbraith – et c’est le second aspect de sa théorie - de limiter l’ampleur des profits réalisés par les grands groupes industriels en apportant ainsi un avantage aux consommateurs. Une des plus importantes manifestations de la constitution de ce contre- pouvoir se réalise dans les relations entre vendeurs et acheteurs de produits de grande consommation. Galbraith cite, à ce propos, les grandes chaînes alimentaires, la vente par correspondance, les grands magasins et les centrales d’achat. Les deux exemples les plus significatifs concernent Sears, Roebuck &Company et Great Atlantic & Pacific Tea -Company (A&P). Grâce à sa position de grand et indispensable client, la première avait obtenu d’un de ses fournisseurs, Goodyear Tyre and Rubber Company, une baisse de 29 à 40% sur le prix de marché des pneumatiques.
Grâce à sa taille, à ses informations sur le marché et à la menace de devenir elle-même un producteur, A&P avait obtenu quant à elle une réduction des prix d’environ 10% auprès de ses trois fournisseurs de « corn flakes ». Condition principale pour pouvoir exercer un contre pouvoir, souligne Galbraith : l’existence même d’un