Gaxie
Sociologie du travail 51 (2009) 97–125
Review
Décloisonner la sociologie de l’engagement militant. Note critique sur quelques tendances récentes des travaux francais ¸ Decompartmentalizing the sociology of activism. A critique of recent tendencies in French studies
Frédéric Sawicki a , Johanna Siméant b,∗ a Centre d’études et de recherches administratives, politiques et sociales (Ceraps, UMR CNRS 8026), faculté des sciences juridiques, politiques et sociales, université de Lille-II, 1, place Déliot, BP 629, 59024 Lille cedex, France b Département de science politique, CRPS (UMR CNRS 8056), université Paris-I Panthéon-Sorbonne, 14, rue Cujas, 75321 Paris cedex 05, France
Résumé Cet article présente un état des lieux critique d’un champ de recherche particulièrement actif depuis 20 ans en France, celui de la sociologie de l’engagement militant. Il revient sur le renouvellement de ce courant sociologique, qui s’est traduit par l’avènement du paradigme interactionniste, attentif à la dimension processuelle de l’engagement et des carrières militantes, et sur la facon dont la notion de rétributions du militantisme ¸ a été affinée et revisitée. Après avoir mis en perspective les débats théoriques relatifs à l’apparition, ou non, de « nouvelles formes » de militantisme, voire de « nouveaux militants », l’article souligne deux défis de la recherche aujourd’hui, tous deux relatifs à la question de la division sociale du travail : mieux prendre en compte, d’une part, le lien entre transformations macrosociales et engagement et, d’autre part, le faconnage ¸ organisationnel du militantisme. © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Abstract This critique reviews an especially active field of research during the last 20 years in France: the sociology of activism. In this current of sociology, a new interactionist paradigm has emerged that takes into account activists’ careers and the process of becoming an