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Si la langue latine distingue les deux mots « liber » en fonction de la voyelle i, longue ou courte, l’homographie invite à réunir ce qui relève de l’absence de soumission à une autorité humaine ou dogmatique et ce qui désigne la pellicule se trouvant entre l’écorce et le bois, sur laquelle on écrivait.
Envisager le livre comme lieu de liberté, c’est aussi le concevoir comme un véritable moyen de création. C’est du moins ainsi que semblent l’entendre Paul Eluard et Man Ray, dont l’esthétique respective trouve un écho dans le croisement de la photographie ou du dessin et du poème, et dans la relation entre ces deux mediums visuels et verbaux. Cette relation, qui est de l’ordre d’un regard qui circule entre l’artiste et le poète, donnant à voir et à lire, et le lecteur spectateur, fait à son tour du livre un medium apte à susciter la liberté interprétative.
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Le titre du recueil Les Mains libres, publié en 1937, laisse entendre ce parti pris de liberté, nécessaire à la création et au renouvellement esthétique, liberté affirmée dès le début du XXe siècle, notamment par les futuristes et les poètes de l’Esprit nouveau. C’est aussi ce titre que reprend, dans les années 1960, Jean Petithory pour sa librairie, galerie et maison d’édition, conjuguant la redécouverte des premières avant-gardes et la découverte des nouvelles expérimentations poétiques et artistiques.
Avoir les mains libres, c’est avoir carte blanche. Mais l’expression place aussi au centre de la créativité l’expérience physique du corps touchant et touché, percevant et perçu. Cette perspective souligne l’inscription de l’œuvre dans le contexte des avant-gardes littéraires et artistiques, mais aussi la singularité inhérente à toute création mue par le