Gerant de societe
INTRODUCTION« Après 1960, dit Arlette Chemain-Degrange, les romanciers africains abandonnent peu à peu le thème de la lutte pour l'Indépendance de leur pays, et exercent leur esprit satirique sur les mœurs de l'heure présente, marquée par les séquelles de la colonisation d'une part, les survivances des traditions ancestrales d'autre part »[2]. Cette observation faite à propos des Soleils des Indépendances d'Ahmadou Kourouma est aussi valable pour le Xala de Sembène Ousmane.Septième ouvrage du romancier cinéaste sénégalais, [PAGE 58] Xala fut considéré, dès sa parution aux Editions Présence Africaine en 1973, comme un véritable roman du moment, celui qui traite du sujet d'actualité bien entendu. Il suffit d'ouvrir n'importe quelle page du livre pour s'en convaincre. L'accueil par la critique fut tel que le romancier décida de porter son œuvre à l'écran. Car la cible n'est plus les politiciens comme dans les Soleils des Indépendances; elle n'est pas non plus les anciens maîtres colonisateurs (bien que ceux-ci y apparaissent en filigrane) comme dans les autres œuvres antérieures de Sembène Ousmane, mais « la nouvelle bourgeoisie nationale » qui, à l'instar du colonisateur européen, vit de l'exploitation et de l'expropriation du peuple.Xala est donc un procès contre cette nouvelle classe sociale. Certains critiques vont jusqu'à considérer même le malheur qui a frappé le protagoniste principal et représentant, par excellence, de ces nouveaux riches, El Hadji Abdou Kader Bèye, comme un châtiment, celui « d'une faute ancienne contre les plus pauvres de ses concitoyens qui, par ce biais réclament leur dû ».Xala