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Rwanda
Par Jean-Pierre Chrétien
En 100 jours, entre le 7 avril et le 4 juillet 1994, près d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants ont été tués au
Rwanda, un pays de 7 millions d’habitants. Les organisations internationales ont constaté l’horrible réalité de ce génocide dès novembre 1994 quand a été décidée la création d’un
Tribunal pénal international pour en juger les responsables.
1. Le Rwanda avant le génocide : les anciens clivages sociaux et politiques et les remodelages de l’époque coloniale
Depuis deux millénaires au moins le Rwanda est peuplé par les ancêtres des Hutu, des Tutsi et des Twa, trois identités sociales héréditaires en voie patrilinéaire. Les trois groupes se distinguaient par leurs activités sociales : l’agriculture pour les Hutu, l’élevage des bovins pour les Tutsi, la chasse et la poterie pour les Twa. Ces métiers, complémentaires dans l’économie de subsistance du pays, n’étaient pas exclusifs : les Hutu élevaient aussi des vaches et les Tutsi étaient devenus aussi des agriculteurs. Les hiérarchies étaient liées à l’organisation politique du royaume qui avait peu à peu contrôlé le territoire actuel du Rwanda entre le 17e et le 19e siècle :
Cette situation inégalitaire va être investie dès la fin du 19e siècle par les théories raciales européennes. La théorie opposant ainsi
Tutsi et Hutu sous les vocables de « Hamites » et « Bantous » fut dès lors développée et propagée de manière lancinante.
Cela fut suivi d’une série de décisions prises à l’unisson tant par l’administration civile que par les autorités ecclésiastiques catholiques, qui aboutirent à la consolidation d’une aristocratie tutsi, jugée « naturelle », travaillant au service de l’ordre colonial. Cette scolarisation inégalitaire fut la cause de graves frustrations dans la jeunesse instruite. Dans les années 1930, les Belges introduisirent sur les livrets d’identité imposés aux hommes adultes valides la mention de