Gilles chantraine - "par delà les murs
Gilles Chantraine, chercheur au Cnrs au CLERCE, a abordé dans son ouvrage le tabou des prisons Françaises. Il a obtenu le prix "Le Monde" de la recherche universitaire pour sa thèse soutenue en septembre 2002, publiée en 2004 sous le titre "Par-delà les murs" collection "Partage du savoir". Gilles Chantraine y étudie les rapports à l’enfermement et leur inscription dans une trajectoire sociale. Autrement dit : a quoi sert la prison aujourd’hui ? Remplie-t-elle ses fonctions officielles d’enrayement de la délinquance ou n’est ce qu’une institution d’application d’une punition et de « gardiennage » ? Chantraine, suivant les traces de Goffman, considère la prison comme une institution totale, que Goffman défini ainsi « un lieu de résidence ou de travail où un grand nombre d'individus, placés dans une même situation, coupés du monde extérieur pour une période relativement longue, mènent ensemble une vie recluse dont les modalités sont explicitement et rigoureusement réglées ». L’institution totale représente donc une coupure avec le monde extérieur et l’individualité de chacun est mise en danger. Comprendre la prison semble alors impossible sans prendre en compte les trajectoires de vie qui y mène. L’auteur se positionne dans un courant empirique et une sociologie de l’expérience. Il définit son étude comme s’inscrivant dans une tradition Weberienne et constructiviste. A travers la méthode de recueil de données empirique que sont les entretiens, l’auteur tend à saisir la dynamique des mécanismes et processus par lesquels les acteurs se retrouvent dans le monde carcéral, et comment est vécue la détention. Ainsi, dans son étude longitudinale, 47 détenus ont été entendus en Maison d’arrêt ou à l’extérieur et une vingtaine d’entretiens ont été réalisés avec des intervenants ou travailleurs pénitentiaires. On retrouve Weber dans l’intérêt porté aux « comportements qui sont en relation significative avec celui d’autrui