En Attendant Godot de Samuel Beckett `Pensez-vous que la pièce de théâtre En Attendant Godot de Beckett mérite le nom de tragédie ?` De cette attente interminable et de la pauvre condition physique et morale de chacun des personnages, on aperçoit le caractère tragique de la pièce. Nous verrons dans un premier temps en quoi la pièce peut-être considérée comme tragique et dans un second temps comment Beckett réussi à se démarquer de la tragédie classique. En plaçant les deux personnages face à la faim et au froid, Beckett place l’Homme face à sa condition matérielle, en relation étroite et servile avec le corps. Estragon, avec son insatiable faim faiblement comblée par une carotte et des navets, mais aussi par sa souffrance physique provenant des pieds et de ses agressions, ne peut en aucun cas améliorer la finitude de son existence. De plus, le coup de pied envoyé par Lucky lui révèle un futur obscurci et exprime le besoin universel d’espace : « Je ne pourrai plus marcher ! », annonçant une détérioration significative dans la condition humaine d’Estragon. Plus tard, l’aveuglement de Pozzo conduit ce dernier à une errance certaine, de même que Lucky est livré à un enfermement éternel par sa perte des sens auditifs. C’est dans cette dépendance asservie au corps et dans l’absence d’espoir de modifier cette relation à la chair que la pièce prend une dimension tragique. L’emploi du gérondif dans le titre En Attendant Godot exprime l’état des deux personnages et non l’action qui les conduit. Ainsi, Beckett ne donne pas à ses personnages un but mais une condition initiale linéaire et figée qui perdure à travers la pièce, comme en témoignent les dialogues de début et de fin : « ESTRAGON (renonçant à nouveau): Rien à faire. » et « VLADIMIR - Alors, on y va ? – ESTRAGON - Allons-y - Ils ne bougent pas. ». La résignation des personnages face à la fixité du temps ouvre une dimension psychologique dramatique : « VLADIMIR (regardant le ciel) : La nuit ne