Goldoni.
Arlequin serviteur de deux maîtres.
Commentaire de la scène 15 de l'Acte II.
La comédie Arlequinil servitore di due padroni écrit par Carlo Goldoni en 1753 sous la commande du célèbre acteur Antonio Sacchi est une pièce de théâtre en trois actes. A Venise, le marchand Pantalon et le Docteur Lombardi s'apprêtent à marier leurs enfants, Clarice et Silvio. Mais Truffaldin annonce la venue de son nouveau maître turinois Federigo, initialement promis à Clarice, prétendu mort. En réalité, ce dernier s'agit de Béatrice, qui a prit l'apparence de son frère mort pour récupérer la dot que son mariage aurait dût normalement lui rapporter, et qui lui assurerait sa stabilité financière avec son amant qu'elle tente de retrouver, et qui se trouve justement à Venise. Truffaldin, lui, sous l'emprise d'une faim inassouvie et irrépressible, ne trouve pas mieux que d'entrer aussi au service de Florindo. Le voici ainsi au service de deux maîtres et amants en quêtes l'un de l'autre. Cette œuvre se fonde d'aise dans un jeu singularisé par la vivacité, l'exagération de la situation, les pitreries, les répliques bien à propos et une intrigue étroite, intestine et parfaitement ficelée. Comment, à travers cette scène atypique que nous allons commenter, où Truffaldin est sujet à une situation tant compliquée que comique -car il doit servir un repas à ses deux maîtres en même temps, et sans que ceux-là ne découvrent son double statut, Goldoni réforme et se réapproprie la fameuse Commedia dell'arte? De cette scène nous verrons d'abord son apparence farceuse, puis comment son dynamisme est une combinaison d'instabilité et de maîtrise, et enfin en quoi Truffaldin est l'emblème de la dualité de cette comédie évoluée.
Par une compilation dense de comique de geste et de mots cette scène a une apparence première de farce. Le comique de geste presqu'outrancier tant il est présent, est la première source de rire dans cette quinzième