Grand Standigne
Introduction
Raymond Queneau (1903-1976), romancier, poète et dramaturge français dont le grand projet sera de rapprocher la langue littéraire et la langue parlée. Il écrit des poèmes, des paroles de comédies musicales, des dialogues de films, des chroniques. On lui doit notamment exercices de style (1947), Zazie dans le métro (1959), Cent mille milliards de poèmes (1961) et Les fleurs bleues (1965).
Le monde moderne inspire Queneau en lui fournissant la matière de jeux poétiques toujours renouvelés. Sur un ton volontiers léger, le poète critique la société de consommation dans laquelle il vit, où tout ce qui vieillit finit toujours par être détruit.
ANALYSE DU POEME
A. Une vision ironique du monde moderne Le poème est écrit au futur de l’indicatif. Il situe les actions dans un futur plus ou moins lointain.
« On » est le pronom personnel récurrent. Il désigne les démolisseurs sans aucune précision.
Les objets évoqués symbolisent la modernité : matériaux de construction et accessoires des immeubles.
Entre les vers 3 à 12, le poème peint la démolition d’un immeuble pièce à pièce. Les verbes appartiennent au champ lexical de la destruction avec une progression (« anéantir », « broyer » et « pulvériser » étant plus forts que les premiers). Les immeubles qui semblent incarner la modernité sont donc voués à la destruction. Le titre est ironique car il joue avec le mot « standing » pour montrer que ce qui semblait relever du luxe moderne (le grand standing) ne vaudra au final plus grand-chose.
B. Un poème gai et triste Le poète porte un regard distancié et amusé sur la modernité. L’humour apparaît dans le rythme léger qui fait ressembler le poème à une chanson et l’invention de nouveaux mots.
Les termes « ultravritre » (vers 4), « chauffoses » (vers 11) et « frigidons » (vers 12) sont des néologismes qui montrent que l’innovation de la modernité n’a apparemment pas de limite.
Ils donnent au texte