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CHERYL W. GRAY ET DANIEL KAUFMANN
Quelles sont les causes de la corruption? Quel en est le coût?
Comment lutter efficacement contre ce mal dans les économies en développement et en transition?
ON ENTEND souvent dire de la corruption dans les pays en développement qu'elle peut avoir des effets positifs, qu'elle est endémique, qu'il coûte trop cher de la combattre et qu'il vaut mieux employer les maigres ressources disponibles à doter les organes publics de surveillance des moyens de faire respecter la loi. Mais, en fait, plusieurs certitudes s'imposent: le coût économique de la corruption est colossal; l'étendue du mal est très variable selon les pays en développement; il y a moyen de la juguler et, pour ce faire, il faut porter plus d'attention à ses causes profondes ainsi qu'au rôle des incitations, de la prévention et des réformes économiques et institutionnelles précises.
Depuis quelques années, le problème de la corruption est en ligne de mire: il a été exposé par le Président de la Banque mondiale, M. James Wolfensohn, et le
Directeur général du FMI, M. Michel
Camdessus, dans leurs allocutions à l'Assemblée annuelle; le Rapport sur le développement dans te monde y consacrait
De longs passages en 1996 et en 1997; des groupes d'étude y travaillent à la Banque mondiale et au FMI (ils ont soumis des rapports à leurs conseils d'administration respectifs ainsi qu'au Comité du développement). Notons aussi l'influence croissante d'une ONG, Transparency International, la récente résolution- qui fera date- de l'OCDE qui fait du versement de pots-de-vin à l'étranger un délit, et le foisonnement d'études théoriques et empiriques sur la corruption et ses répercussions économiques. Autre signe des temps, nombre de responsables gouvernementaux des pays émergents dénoncent ouvertement les ravages qu'y cause ce mal. Lors d'un récent sondage auprès de plus de 150 hauts fonctionnaires et dirigeants de la société civile dans une soixantaine de pays en développement, la