Greves front populaire
Une joie sans mélange
L'attente et l'espoir
La France connaît à ce moment-là une formidable explosion sociale : une vague de grèves d'un style nouveau, grèves avec occupation d'usines qui touchent plus de deux millions de salariés. Le mouvement commence le 11 mai aux usines Bréguet du Havre. Le 13, il gagne les ateliers Latécoère de Toulouse... Le 26, la grande vague atteint la métallurgie dans la région parisienne: Farman à Boulogne-Billancourt.. Nieuport à Issy.les-Moulineaux, Lavalette, Renault, Citroën...
Alors que Léon Blum constitue son ministère, le phénomène fait tâche d'huile. Tous les secteurs de l'activité commerciale et industrielle sont paralysés à Paris et en province : grands magasins, mines, imprimeries, alimentation, bâtiment..
Ces grèves spontanées sont rapidement récupérées par le parti communiste pour pousser Blum à l'action. Mais, avant tout, ce sont les grèves de l'euphorie de la victoire électorale ; grèves de défoulement du monde ouvrier impatient de voir se concrétiser les promesses du Front populaire, après des décennies d’assujettissement patronal; grèves de la dignité retrouvée.
La participation des femmes y est très importante, a la mesure de leurs difficultés, car leurs salaires sont très bas, les vexations et les brimades sont monnaie courante, l'opinion les rendant responsables du chômage masculin. Dans les usines, les magasins, les travailleuses réclament l'égalité et découvrent la solidarité et la fraternité. Les grèves prennent alors un air de fête. L'accordéon et la T.S.F. entrentdans la danse, Tino Rossi et Mistinguett viennent chanter, on organise des loteries, des bals...
Durant toute cette période, le peuple découvre la joie d'occuper ses usines, mais aussi de se montrer, de descendre avec fierté dans la rue. Les hommes sont en casquette (on parlera bientôt des salopards en casquette), les femmes ne portent pas de chapeau... qu'importe !
La bourgeoisie s'insurge et prend peur.
Commentant