Guerre contre terreur
Baz Lecocq et Paul Schrijver
(Traduit de l’Anglais par Anne Saint Girons)
Nous ne pouvons lutter pour l’Islam, mais nous luttons d’abord pour nos conditions de vie. Maxime du mouvement touareg, Alliance du 23 mai pour le changement1 Depuis quelques décennies, les peuples du Sahara et du Sahel ont développé un type nouveau de véhicules d’assaut mieux connus sous le nom de son arme principale, la mitrailleuse lourde Teknikal de fabrication soviétique. Au combat, les Touaregs du Mali et du Niger utilisent intelligemment leur habileté au volant et les vents dominants pour créer un nuage de poussière qui couvre les combattants aussi bien pendant l’attaque que dans la retraite (Klute 2001 :501). Les victimes en restent confondus dans un nuage de poussière. Pour employer une métaphore, on peut dire que les nombreux acteurs et observateurs du front saharien de la guerre contre la terreur se sont laisser surprendre de la même façon. Avec la guerre contre la terreur, les régions reculées du monde se sont trouvées présenter un intérêt accru. Les terroristes peuvent opérer sans contrainte là où l’autorité de l’état est faible ou absente. L’Afghanistan est l’exemple de ces états « en faillite » fournissant un sanctuaire aux terroristes. Il n’est donc pas étonnant que l’Afrique abritant tant d’états «faillis » ou « en faillite » soit considéré comme posant un risque pour la sécurité. L’armée américaine a ouvert deux fronts africains dans le cadre de l’ « Opération Liberté Immuable », l’une dans la Corne de l’Afrique, l’autre au Sahara et Sahel, ce dernier étant l’objet de cet article. Dans les années 1990, Al Qaïda était très présente en Afrique orientale. Osama bin Laden et son entourage se sont installés plusieurs années au Soudan d’où ils ont organisé les opérations militaires contre les forces américaines en Somalie. En 1998, des bombes explosèrent devant les ambassades