Guerre froide et décolonisation
Beaucoup de travaux ont été publiés sur l’histoire de la guerre froide et sur l’histoire de la décolonisation. Cependant, peu d’études ont été menées sur les liens entre ces deux histoires. Lier l’étude de la guerre froide et de la décolonisation conduit l’historien à envisager l’étude de ces deux phénomènes d’un œil neuf. La guerre froide se complexifie : à l’opposition entre les deux grands, viennent se greffer des dynamiques « péricentriques », créées notamment par les espaces en phase de décolonisation. Réciproquement, envisager le problème de la décolonisation dans le contexte de la guerre froide permet de ne plus considérer le problème colonial sous l’angle du seul rapport bilatéral entre la métropole et ses colonies. La décolonisation a été trop souvent pensée comme un psychodrame national, comme une crise interne aux empires coloniaux. Il faut cependant se dégager de la sentimentalité qui obscurcit la recherche historique pour considérer la décolonisation dans un cadre mondialisé. La décolonisation ne met pas seulement en jeu l’ancienne puissance européenne sur le déclin et l’Afrique en quête de liberté. En 1945, les deux nouveaux géants sont les États-Unis et l’Union soviétique. Pourtant, les vieilles puissances, la France et la Grande-Bretagne, veulent continuer à se penser comme des puissances maîtresses de leur destin qui n’appartiendraient à aucun des deux blocs. L’empire colonial, symbole de leur grandeur passée, doit permettre de conserver l’illusion. On comprend que le problème colonial soit alors le lieu des tensions, des amertumes et des malentendus. Car ce qui est en jeu, c’est le prestige entre des puissances devenues inégales. Cette période des années cinquante est un chapitre essentiel des relations franco-américaines. Pour le petit pays qu’est la Belgique, la thématique de la puissance est encore plus prégnante. Depuis Léopold II,