Guillaume Apollinaire, Zone - Commentaire
ZONE D’APOLLINAIRE
Zone, composé et publié par Guillaume Apollinaire en décembre 1912, est le dernier poème de ce dernier avant la publication d’Alcools (1913). D’abord intitulé « Cri », il a été mis en tête du recueil pour le placer sous le signe de la modernité et d’une esthétique nouvelle, mais le Zone offre également à Alcools une orientation philosophique. Cela témoigne également de son importance aux yeux du poète. L’extrait, constitué des vers 1 à 41, mêle à la fois modernisme par la vision de la société contemporaine et spiritualité.
Dans un premier temps, nous verrons en quoi cet extrait innove la poésie du début du XXe siècle, et comment Apollinaire met en valeur la modernité.
I – Une revendication de nouveauté au niveau poétique
1. La forme du texte
L’un des éléments innovants de ce poème est tout d’abord l’écriture. C’est un texte déroutant, symbole de l’irrégularité. Il n’y a pas de forme fixe : les vers sont libres (de longueurs variées), certains détachés, d’autres regroupés en strophes (trois vers isolés/un tercet/une strophe de huit vers/puis de dix vers). La ponctuation « oubliée » oblige le lecteur à trouver son propre rythme et ôte à l’ensemble une certaine logique. On peut également remarquer des assonances et une politique de rimes pauvres : toutes ces caractéristiques sont contraires à celles des poèmes de l’époque. Un vocabulaire courant, neutre voire familier se distingue : « Tu lis les prospectus les catalogues les affiches… » (vers 11), « Une cloche rageuse y aboie… » (vers 20), « Il y a les livraisons à 25 centimes… » (vers 13), ce qui dégrade quelque peu la poésie de l’œuvre. Les pronoms personnels sont introduits, le « je » désigne le poète, le « tu » représente probablement son « moi » antérieur « las de ce monde ancien », mais aussi le christianisme avec lequel il dialogue. Par tous ces éléments est fait l’éloge de la nouveauté, de la liberté et d’une modernité formelle.
2. Un rejet de la tradition et