Les aléas de la conquête de l’indépendance.

Allongement des études, insertion professionnelle plus difficile, fin de l’autoritarisme parental… Plusieurs évolutions expliquent que, ces dernières années, l’entrée dans l’âge adulte soit plus tardive et ne coïncide plus forcément avec l’accès à un premier emploi, le départ de chez ses parents ou l’installation en couple.

« Tu es tellement mignon… Si tu veux, tu pourras rester à la maison toute ta vie… » Penchés sur Tanguy, leur bébé, Paul et Edith n’imaginent pas à quel point cette déclaration d’amour est prophétique. Vingt-huit ans plus tard, Tanguy est toujours là ! Brillant, charmant, séduisant, il termine une thèse sur la Chine, mais continue de vivre chez ses parents et s’y trouve parfaitement bien. Ses géniteurs vont alors tout faire pour dégoûter cet éternel adolescent de rester sous leur toit. En vain. Le scénario de Tanguy, le film d’Etienne Chatilliez (2001), qui fut l’un des plus grands succès publics récents en France avec près de 4 millions d’entrées, témoigne de cette évolution de la « jeunesse », cet âge transitoire entre l’enfance et l’âge adulte, qui tend à se prolonger. Il y a quarante ou cinquante ans, les jeunes ne cherchaient qu’à quitter au plus vite leur famille d’origine. A devenir indépendants. Selon l’Institut national des statistiques et des études économiques (Insee), la moitié des hommes nés dans les années 1963-1966 ont mis un terme à leurs études avant l’âge de dix-huit ans. Trois années plus tard, ils étaient partis de chez leurs parents, avant d’accéder, à vingt-deux ans, à un emploi stable. Aujourd’hui, l’allongement de la scolarité, la précarité économique, mais aussi une éducation moins autoritaire tendent à repousser chacune de ces étapes. Pour la moitié des garçons, huit ans au moins s’écoulent entre la fin de leur scolarité (après vingt-deux ans) et la naissance de leur premier enfant. De sorte que pour les instituts de statistiques, les « jeunes »