Génération Y au travail
Je commence aujourd’hui une série de notes sur la génération Y, autrement dit les « jeunes » et leur relation à l’entreprise.
Il me semble que les phénomènes décrits par les sociologues, psychologues du travail à ce propos dépassent cette seule générationet révèlent des évolutions plus profondes du rapport de nos sociétés au travail et à l’institution qui l’incarne : l’entreprise.
Jean Luc Excousseau, sémiologue et spécialiste du décryptage des générations répond, dans la revue de l’APM (Association pour le Management) à la question suivante :
"Au-delà des sensibilités générationnelles, l’entreprise ne reste-t-elle pas un moule qui met tout le monde sur le même pied :
« … En France une génération représente entre 12 et 18 millions d’individus, à l’échelle de la planète c’est plusieurs centaines de millions dans les économies avancées. Comment voudriez-vous qu’une entreprise ou « l’esprit » d’un métier parviennent à surpasser ces phénomènes de fond ? (ceux de la différence des générations). Bien souvent, se raccrocher à une forme ou un autre de « vision » fédératrice n’est qu’une manière pour le manager de masquer ses propres rigidités et sa difficulté à prendre en compte la diversité de ses collaborateurs. »
Je ne partage pas le diagnostic du sémiologue sur le « manager » : son aveuglement «individuel » n’est rien d’autre que le reflet de l’aveuglement collectif.
Voilà le paradoxe managérial auquel sont confrontées les entreprises :
- Elles ont banalisé les savoir-faire en décomposant les chaînes de production, elles bousculent leurs propres cultures internes au nom de l’adaptation au changement, elles marginalisent les expériences acquises devenues obsolètes, donc elles se privent d’éléments d’intégration.
- Et pourtant, elles espèrent des collaborateurs qui se coulent dans des moules (normes, processus, scripts…) alors qu’elles ont précisément cassé ceux qui étaient les plus solides.
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