Génération
“Génération Tanguy” : l’interminable “adulescence” Ce n’est pas un hasard si le terme “adulescent(e)”, forgé par le psychanalyste Tony Anatrella, figure avec cent cinquante autres néologismes, dans l’édition 2010 du Petit Larousse. Voici la définition qui est donnée de ces adultes “pas grandis” ou “adolescents attardés” : adulescent (e), n. et adj. (de adulte et adolescent). Jeune adulte qui continue à avoir un comportement comparable à celui qu’ont généralement les adolescents.
De fait, un constat s’impose : notre société serait devenue “adolescentrique”, pour reprendre une expression de Tony Anatrella. Entre “syndrome Tanguy”, “soirées Casimir” ou chat sur Internet, le problème est que la société des adultes, particulièrement depuis mai 68, a mal grandi, ou qu’elle a refusé de grandir, mettant en crise sa propre légitimité dans une République où les valeurs, devenues vacillantes, condamnent les adolescents à le rester. Comme le remarquait avec justesse Alain Borredon (Une jeunesse dans la crise : les nouveaux acteurs lycéens, L’Harmattan, Paris 1995, p. 194), “les enfants et les adolescents sont en train de devenir les pères et les mères de leurs parents. […] Les relations sont brouillées. La relation éducative peut s’en trouver perturbée puisque l’identité de chacun par rapport à l’autre reste vague. Un peu comme si n’existaient que des enfants ou des adolescents sans la dimension de la parenté, mais dans celle d’une monogénération : nous sommes tous frères, copains ou potes. Cette transgression de la différence des générations qui trouve son origine dans la dénégation de la parenté et de la filiation conduit à se situer tous comme des enfants dans la vie ou comme de grands adolescents”.
Dans un contexte de crise et d’instabilité sociétales, ce refus de grandir ne peut aller qu’en s’accentuant dans la mesure où, inconsciemment, grandir c’est “mourir un peu” en se soumettant à des obligations et