Hôtel-dieu, lyon
L’Hôtel-Dieu, Lyon : http://jcmos.wordpress.com
01 Un long rideau sombre au bord du Rhône
Chacun connaît le long rideau de pierres noircies déployé au bord du Rhône sur le quai Jules Courmont qui s’étend de la rue Childebert à la rue de la Barre. La barrière est austère et les flâneurs osent peu s’aventurer derrière les murs épais où l’hôpital fait figure de rempart.
Pour en estimer l’unité architecturale il faut venir par le pont le moins «distant de Bellecour». Le xenodochium de jadis «hôtellerie des pèlerins souffreteux et des voyageurs fourbus» était alors au début comme au terme de la voie du Dauphiné, et de la chaîne des Alpes [1]. La récente métamorphose des berges du Rhône et le remodelage de la Fosse aux ours favorisent aujourd'hui une mise en perspective où la sévère bâtisse partagée en deux masses réparties de part et d’autre du corps central surmonté du grand dôme s’ordonne frontalement.
Bord à bord avec la douleur, des générations de médecins, chirurgiens, servants, infirmiers ont pratiqué la saignée, recousu les blessures, allégé les souffrances, donné la vie. Beaucoup de lyonnais sont nés, ou ont vu naître à l’Hôtel-Dieu. L’été dernier, le service de maternité a rejoint la Croix-Rousse, et l’hôpital s’est alors peu à peu dépeuplé. Aujourd’hui, les dernières blouses blanches croisent dans le dédale des galeries les arpenteurs qui esquissent de nouvelles géométries et inventent d’autres liens entre les hommes et les pierres de Villebois, de Seyssel, et de Couzon [2].
Car l’Hôtel n’est plus le point de départ et d’arrivée des hommes dans la ville des aumônes et la maison de Dieu. Autrefois repère cardinal, le flot de véhicules qui s’engouffrent et jaillissent alternativement de la trémie de l’axe Nord-Sud le relègue désormais en sombre décor théâtral flanqué d’une porte monumentale que nul voyageur ne franchit.
Figure 1. La façade de l'Hôtel-Dieu, quai Jules Courmont.
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