*la disparition pure et simple d'une logique rationnelle ouvre la voie à une sensualité rêveuse : les choses décrites peuvent être banales ou insolites, et sont mises en scène de manière énigmatique ; les poèmes sont des petites histoires inédites sur lesquelles on n'a jamais su mettre des mots...
*ces textes ne sont pas une observation entomologique de la vie quotidienne ; la poésie n'est pas que documentaire ou anecdote, la poésie est d'abord une énergie qui se fixe pour objectif l'interminable réincarnation des êtres et des choses (un ustensile de ménage assez commun chez Rimbaud, un appareil de la modernité technique chezPonge) ;
*la poésie sert à revitaliser les images qui parviennent jusqu'à nous en les mettant à la disposition d'une réinterprétation, et ceci des écoutilles jusqu'au bastingage (le téléphone « crapaud » assimilé à « un petit rocher, lourd et noir », à un « homard [qui]frémit sur son socle » pour Francis Ponge) ;
*le but de toute création artistique consiste à nous arracher à notre incuriosité mortelle, maladive, à notre grégaire acceptation de la conformité (les bouffées de tabac, les volutes de fumée qui roulent dans l'air sont assimilées par métaphore à un « dictame »

il est des œuvres poétiques qui cherchent à sculpter une réalité imaginée, à transposer les choses, à dépasser les limites, autrement dit à nous faire voyager au-delà du seuil de la compréhension...

*une beauté littéraire à couper le souffle : des poèmes qui s'attaquent à des faits divers, des objets, dépassant le point de vue strictement documentaire pour dévoiler les liens possibles qui attachent le monde des objets à notre conscience ( un homard qui, à la sortie d'une boîte de nuit peut-être, sent son cœur battre d'amour pour un récipient métallique, n'est pas la moins piquante des images - « Gestes et Opinions du docteur Faustroll, pataphysicien », d'Alfred Jarry) ;

le respect des normes est mis à mal, pour mieux signaler le déclin d'une rhétorique