Hegel, esthétique.
Parmi ces approches spéculatives, il évoque la critique, la théorie des arts ou encore l’esthétique. Hegel pose d’emblée non seulement un problème de légitimité (de quel droit, à quel titre peut-on penser l’art) et de méthodologie (comment le penser) mais également un problème de vocable. L’esthétique, tel qu’Hegel le définit avec Baumgarten, consiste en une science des « sensations agréables ». Le terme n’est guère du goût de Hegel, d’abord parce qu’il connote une approche empiriste, ensuite parce qu’il ne lui semble pas adapté pour qualifier la pensée de l’art. Il le reprend néanmoins, le terme étant comme il l'explique cité dans le langage courant.
Hegel privilégie très clairement une approche théorique de l’art et s’en explique en ces termes : « ce qui doit servir de base, ce n’est pas le particulier, ce ne sont pas les particularités, les objets, les phénomènes, etc., particuliers, mais l’idée. C’est par celle-ci, par l’universel, qu’on doit commencer. Partout, et par conséquent aussi dans notre domaine. C’est par l’idée du beau que nous devons commencer. Dans les soi-disant théories, au contraire, l’on commence par les particularités pour en déduire le concept, l’universalité. Ici, c’est l’idée en soi et pour soi qui vient en premier lieu. » En ceci Hegel se place dans le droite continuité de la pensée platonicienne. Ce primat de l’idée, Hegel l’explique très simple en répondant à l’objection selon laquelle conceptualiser un art qui vise justement à échapper au concept revient à le détruire. Si la pensée peut s’emparer de l’art, c’est qu’elle engendre à la fois l’art et la théorie. L’art est l’expression extérieure, aliénée de l’esprit, qui fait retour à lui-même dans la pensée de l’art. « L’œuvre d’art, dans laquelle la pensée s’aliène d’elle-même, fait partie du domaine de la pensée