Hegel, l'acquisition de la conscience de soi
Ce texte de Hegel porte sur la conscience de soi, plus précisément sur son acquisition, même si nous verrons justement que la conscience de soi ne peut se comprendre sans son acquisition, qu’elle est d’une certaine façon cette acquisition. La thèse de Hegel, est que l’homme n’existe pleinement que lorsqu’il a atteint la conscience de soi. Ce qu’implique cette thèse est donc qu’un homme qui n’aurait pas conscience de soi ne serait pas pleinement un homme. Cela veut-il dire que celui qui n’accéderait pas à la conscience de soi serait moins un homme qu’un autre ? Cette distinction semble scandaleuse. Il nous faut donc comprendre les conditions d’acquisition de la conscience de soi. Comment passe-t-on de la conscience à la conscience de soi ? selon quelle nécessité ? et chacun peut-il également y accéder ?
Qu’est-ce qui fait la spécificité de l’existence humaine ? Pour répondre à cette question, il faut déterminer le ou les modes d’existence des choses desquelles l’homme se distingue : les minéraux et avec eux tous les objets inanimés, les végétaux et les animaux. Commençons par le plus facile : les minéraux. Une pierre ne se meut pas elle-même et ne change pas. Elle peut se casser, mais sa rupture n’est pas une blessure ou une lésion : une pierre ne guérit pas parce qu’elle ne peut pas être altérée ; elle n’a pas de sensibilité et ne peut par conséquent être modifiée, ne peut évoluer, moins encore se modifier soi-même. Une pierre existe « immédiatement » : il n’y a pas d’intermédiaire entre elle et son existence, il n’y a pas d’attente, il n’y a pas d’écoulement du temps dans l’existence d’une pierre ; mieux son existence est une fois pour toute ce qu’elle est ; pour cette raison une pierre n’existe que « d’une seule façon ». Malgré les apparences, ces analyses s’appliquent également aux végétaux et aux animaux. S’il nous semble que l’écoulement du temps a un effet sur ceux-ci, s’il nous