THE
FORBIDDENS
TITANE

PREMIÈRE
PARTIE
LE FEU

1
C

e soir, le ciel est noir de suie, sans étoiles. Seule la lune m’éclaire de sa faible lumière blafarde. Jared s’avance vers moi du fond du parc, un sachet de pop-corn dans chaque main. Il s’allonge dans l’herbe fraîche à côté de moi. – À quelle heure doit commencer le feu d’artifices, déjà ?
Je regarde à ma montre : – Dans dix minutes… à vingt-trois heures.
Aujourd’hui, on est le neuf septembre deux-mille cent-quinze. C’est la fête nationale de Burningstone. Les dix états gouvernementaux sont tous en arrêt. Les cours sont suspendus, les commerces sont fermés et les festivités battent leur plein dans tout le pays.
Dix minutes plus tard, une foule de gens afflue dans le parc. Le coup de canon annonçant le début du feu d’artifice retentit. L’effervescence se fait ressentir. Une première fusée décolle et éclate dans le ciel, formant un « B » blanc dans un hexagone, symbole de Burningstone.
Puis les couleurs se succèdent en dizaines d’explosions. Je me retourne vers Jared, ses yeux bleus pétillent d’émotion. Il a toujours été fasciné par ce feu d’artifices, le plus grand du pays, bien que Feld en soit la plus petite ville.
Nous mangeons notre pop-corn comme si le ciel était un écran géant surmontant la ville tout entière. Jared me tire par le bras : – Viens ! dit-il. On va se promener ! – Où ça ? je lui demande. – À Leech Street. On va admirer tout ça de la Tour de Garde.
J’acquiesce d’un signe de tête. En chemin, les rues sont remplies de gens qui dansent ou bien regardent en l’air. Nous nous frayons un chemin dans la foule en accélérant, dans une course improvisée dont seuls Jared et moi avons le secret. Petits, on avait l’habitude de faire la course n’importe où et n’importe quand. Il suffisait d’un simple regard pour lancer la compétition.
Je manque de trébucher sur un pavé de la Place Centrale mais Jared se retourne et me rattrape par le bras avec