Henrie michaux, "le grand combat"
Un combat épique
Les deux pronoms « il » et « le » en anaphore (v. 1) représentent des protagonistes d’un « combat » dont l’enjeu est exprimé dans le dernier vers. Dans ce combat, l’un des protagonistes s’impose à l’autre (v. 6) au terme d’un affrontement relaté des vers 1 à 14 jusqu’à son dénouement marqué par le passé composé des verbes (v. 12-14) Si les verbes ne sont pas recensés dans les dictionnaires, ils évoquent par le temps utilisé, leur construction et les compléments circonstanciels une succession d’actions dont on devine le sens et qui justifient le titre. Le qualificatif « grand » invite à songer à un combat d’une qualité hors du commun, un combat épique :
– violence des actions marquée dès le début par les deux compléments circonstanciels ;
– héroïsation implicite des protagonistes par la multiplication des actions ;
– rythme et enchaînement des actions marqués par « et », la juxtaposition ;
– figures de construction : chiasme, énumérations ;
– rythmes des vers : croissant et décroissant ;
– sonorités caractérisées par une certaine rugosité : [R], [dR], [pR], etc. ;
– présence du mystère ou du surnaturel : v. 10-11, v. 17, v. 20.
La quête du poète
Si la poésie épique a souvent illustré le genre poétique, le titre du recueil, l’invention verbale du poème, le renouvellement poétique de ce début du XX ème siècle invitent à appréhender ce poème comme une métaphore d’un combat d’une autre nature : un combat dont les protagonistes seraient le poète et le langage. La relation du combat (v. 1-9) est caractérisée par l’invention verbale qui suggère les lacunes de la langue et la nécessité d’imposer un nouveau lexique. La création lexicale est le résultat d’une recomposition, où les mots se trouvent « forcés », déformés, mais aussi d’une volonté de les « faire ressembler » à l’action qu’ils expriment tant par leur rythme que par leur sonorité. Les mots inventés font entendre des sons discordants et imposent