Heracles
Hasard ou capricede star ? Peu importe. Tout part de là. De cette fin décembre 1894 où, pressée, l'illustre Sarah Bernhardt commande à l'imprimeur Lemercier une affiche pour la pièce Gismonda. Le travail doit être prêt pour le 1 er de l'An, il ne reste plus que quelques jours. Hasard du calendrier, en cette période de fêtes, seul Mucha est disponible. Face à l'urgence et malgré la méconnaissance de ce type de travail, Alfons fonce, va voir la pièce de théâtre le soir-même et s'active. L'affiche fait sensation. Mucha montre la femme, divine, intemporelle, hiératique et sensuelle. Côté format, il explose les tailles traditionnelles, joue grand et longiligne. Sur deux mètres de hauteur, son modèle grandeur nature, nimbé de dorés et de pastels, se donne à voir de façon raffinée et luxueuse.
Succès immédiat auprès du public. Mucha brille autant qu'il fait briller Sarah Bernhardt. Ensemble, ils créent l'avant-garde. Séduite par ce résultat sans précédent dans le monde de l'affiche de théâtre, la comédienne, qui assume également les fonctions de directrice du théâtre de la Renaissance, embauche l'affichiste en herbe et lui fait signer un contrat d'exclusivité de six ans. C'est le déclic, le tremplin, l'aide qu'il fallait à Mucha pour percer et obtenir la reconnaissance suprême. Par là-même, c'est toute la diffusion de l'Art Nouveau qui s'en trouve accélérée. Naturalisme et stylisation deviennent alors simultanément la "griffe" de Mucha et de Sarah Bernhardt. Chevillés au corps l'un de l'autre. Dans la foulée, Mucha créera les supports de la Dame aux Camélias, Lorenzaccio, La Samaritaine, Médée, Hamlet et La Tosca. Pièce après pièce, l'artiste ramasse en un panneau l'essence même du spectacle, immortalisant chaque fois un peu mieux la diva.
De près de vingt ans l'aînée de Mucha, Sarah Bernhardt n'en demeure pas moins gourmande de gloire. La