Hermeneutique
Methodos, en grec, veut dire chemin ; hermeneia signifie interprétation de la pensée par la parole.
Par herméneutique, dit Gadamer, j'entends la théorie, ou l'anamnèse, de cette expérience effective qu'est la pensée.
La méthode de l'herméneutique, c'est, au regard des définitions esquissées ci-dessus, la parole-même dans la relation qu'elle entretient avec la pensée.
Gadamer montre, au fil de Vérité et méthode, que l'expérience effective de la pensée est précisément celle de la parole, puisqu'elle se déploie dans le champ de la langue et actualise sur le mode du dialogue la structure à préalable qui est celle de la question et de la réponse.
D'où me parle-t-on ? Qu'est-ce qui m'est dit ? Se laisser atteindre par une telle question, tenter d'y répondre, c'est entrer dans le jeu partagé de la pensée, i. e. cheminer en direction de la vérité.
1. L'expérience proprement dite
L'expérience effective de la pensée est d'abord celle de la négativité : la chose n'est pas telle que nous le supposions. Notre savoir et son objet se modifient tous deux avec l'expérience d'un autre objet. On acquiert alors un savoir différent et meilleur, ce qui veut dire que l'objet lui-même " ne tient pas ". C'est le nouvel objet qui contient la vérité sur l'ancien.
L'expérience, à ce titre, se distingue radicalement de la science, puisque là où la science déploie une visée téléologique, l'expérience reste un processus foncièrement dialectique. La dialectique de l'expérience trouve son achèvement propre, non dans un savoir définitif, mais dans l'ouverture à l'expérience suscitée par l'expérience elle-même.
L'expérience effective de la pensée est ensuite celle de l'ouverture : l'expérience se constitue comme un procès dont nul n'est maître. Contrairement à la science qui