Hernani victor hugo
I) Fortune du genre à l’époque de l’œuvre
Durant l’Ancien Régime, le « privilège » permettait au roi d’accorder ou non à un libraire ou imprimeur le droit d’illustrer son règne par des œuvres qui répondaient à un certain nombre de règles. Le domaine du théâtre se partage à cette époque entre les théâtres royaux, autorisés, officiels et subventionnés et les autres non officiels et interdits en principe. La Révolution avec la loi « Le Chapelier » de janvier 1791 permet ensuite à tout citoyen d’ouvrir sa propre salle de théâtre à condition d’en informer les autorités municipales. En quelques mois le théâtre se développe et permet au public parisien de se divertir en toute liberté avec de nombreuses formes théâtrales dont de nouveaux genres tels que le vaudeville et le mélodrame. Pourtant durant l’époque révolutionnaire de nombreuses restrictions existent pour des raisons idéologiques. La Comédie française se divise alors en deux théâtres rivaux opposant la nostalgie royaliste au républicanisme militant. La Terreur soumet tout au régime et des mots du répertoire classique tels que roi, reine, prince sont interdits. Après la chute du pouvoir de Robespierre sur la France révolutionnaire en 1794 et la convention thermidorienne qui met fin à la terreur, les excès des comités révolutionnaires dont l’extrême violence reste incomprise, sont à l’ordre du jour sur la scène. Par la suite, sous le Directoire, le théâtre réussit à se faire une place et permet au public de se divertir et de mettre parfois de côté la politique.
L’arrivée de Bonaparte au pouvoir en novembre 1799 ne modifie pas immédiatement cette situation de liberté acquise peu à peu par le théâtre. C’est en 1804 que Napoléon, sacré empereur manifeste sa hantise de du complot et de la trahison. En 1806 et 1807, deux décrets définissent des limites étroites imposées aux organisateurs de spectacles. Le système de la censure et des privilèges est plus ou moins