L'oeuvre théâtrale de Victor Hugo est souvent méconnue du grand public. Si l'on sait qu'il est le célèbre auteur de Notre-Dame de Paris, des Misérables, des Contemplations, de La Légende des siècles ou encore des Derniers Jours d'un condamné à mort..., on oublie bien trop souvent qu'il a également écrit plusieurs pièces de théâtre, des drames romantiques qu'annonçait sa préface de Cromwell. Il s'agit d'une véritable réaction, d'une véritable alternative aux tragédies et comédies du XVIIème siècle auxquelles les spectateurs étaient habitués: Hugo a osé le mélange des genres (du sublime au grotesque, du rire aux larmes), Hugo a osé porter atteinte aux sacro-saintes unités de temps, de lieu et d'action. Hugo a osé s'affranchir de l'autorité des Anciens. Hugo a osé toucher au suprême alexandrin classique. Il faut donc voir à quel point les représentations à cette époque furent houleuses, c'était de véritables enjeux esthétiques qui s'exprimaient alors. C'était une sorte de résurgence de la querelle entre les Anciens et les Modernes, entre ceux qui sont partisans de l'imitation des grands auteurs de l'antiquité grecque et romaine et ceux qui prônent un renouveau de la littérature, qui revendiquent le droit à la création et qui affirment haut et fort la beauté de ce qui est original.
A la première représentation d'Hernani, en 1830, les spectateurs ont vécu, voire parfois participé à ce qu'on appelle la bataille d'Hernani (certains ont sifflé dès les premiers vers de la pièce), ce qui justifie le caractère révolutionnaire de cette pièce où Hugo réclame la liberté de l'art, "ce que veut le public", nous dit-il. On reproche à Hugo la forme littéraire de son oeuvre (l'alexandrin est "brisé" en trois), son immoralité (l'héroïne reçoit chez elle l'homme qu'elle aime alors qu'elle n'est pas même mariée) et, plus tard, son invraisemblable déroulement.
Pourtant Hernani reste une pièce très intéressante à lire, elle est agréable, relativement courte et met en scène des