Hiroshima mon amour
Hiroshima mon amour, scénario et dialogues, inaugure une nouvelle façon de col- laboration entre le cinéma et la littérature: «loin de chercher dans une oEuvre achevée le scénario d´une adaptation qui s´efforcerait de retrouver, le plus souvent en vain, sa source initiale, Alain Resnais demanda à Marguerite Duras, […] d´écrire pour le cinéma un texte original, qui fut d´ailleurs publié, […] comme un roman.»1. Ce type de collaboration accorde une place différente à celle qui était habituelle pour la littérature dans son rapport avec le cinéma: être le point de départ d´une adaptation qui serait, en tout cas, en concurrence avec le texte fi lmique qui en résulte. Le scénario «littéraire» de Marguerite Duras devient, au contraire, une des phases de la création cinématographique, complètement intégrée dans le procès de réalisation.
Il faut aussi ajouter le domaine si fl ou où le texte se place. Cette coopération inédite en- tre une écrivain et un cinéaste entraîne un nouvel type de texte qui ne s´accorde pas facilement aux limites génériques: ni récit ni scénario cinématographique, mais un texte autre qui crée une atmosphère, une ambiance, et à partir duquel le réalisateur conçoit la mise en images.
Ce texte dans les marges, tient aussi un site très important dans l´oEuvre de Marguerite
Duras, au point qu´il imprime un dépouillement du langage de plus en plus prononcé qui dé- fi nira le style de l´écrivain et cinéaste: «Hiroshima mon amour est très important, parce que c´est à partir de là que naît le véritable style de Duras dans sa concision, et le style de Duras s´explique peut-être par l´importance des didascalies dans ce texte. Il y a, puisque c´est un texte qui est destiné à être joué au cinéma, des indications des scènes toujours très concises, au présent, avec une espèce de nudité du style qui deviendra caractéristique de l´oEuvre de
Duras, une sobriété extrême, […].»2