Histoire de rimes
Une immigrée italienne rebaptisée
La Terza Rima, comme son nom l'indique, est d'origine italienne et nous vient directement des plus grands. Dante et surtout Pétrarque qui rédige ses fameux Triomphes dans cette forme. Elle s'invite en France à partir du début du XVIe siècle sous la plume de Jean Lemaire de Belge. Ce dernier lui consacrera son prologue à la Concorde des deux langages, ainsi qu'une place conséquente dans Le temple d'Honneur et de Vertu. Déjà, en Italie, elle se divisait en deux sous-genres : le chapitre érotique et le chapitre burlesque. Une fois en France, elle change de nom : rimes tiercées, tierce rime, rime florentine (en rapport avec Dante ?) chapitre (en référence aux capitoli) ou tout simplement Terza Rima.
Une forme infinie
L'intérêt de cette forme poétique réside en le fait qu'elle est uniquement composée de tercets. On peut ainsi l'allonger à sa guise puisqu'il est difficile d'exprimer en trois vers toute une idée, même pour le meilleur des poètes. Le système de rime est le suivant : a / b / a - b / c / b - y / z / y - z. Aussi, le vers encadré se retrouvera au début et à la fin du tercet qui suit de manière à trouver un équilibre parfait. A noter : l'ultime vers de la Terza Rima se détache toujours typographiquement des autres. Cette structure particulière permet de garder le lecteur en haleine, et d'enchaîner harmonieusement les idées car, tout compte fait à l'image de la langue italienne, la Terza Rima reste mélodieuse. Cependant, c’est aussi là que réside toute la difficulté : cette liberté au niveau du nombre de strophes peut jouer des tours et il faut donc savoir s’arrêter au bon moment.
Une mystérieuse disparition
Il existe un mystère autour de cette forme. En effet, si on la voit apparaître en France au XVIe siècle (« Rymes Tierces » in Les premières œuvres de Philippe Desportes)... elle disparaît (presque) totalement pendant plus de 200 ans, pour renaître un beau matin sous la plume d'un certain