histoire de l'art "la complainte du progrès", Boris Vian
Dès la première strophe, une comparaison est établie entre « autrefois » et maintenant » à propos du thème de l’amour dont le champ lexical domine : « faire sa cour, amour, prouver son ardeur, offrait son cœur, séduire, le cher ange ». Le poète regrette le temps de l’amour courtois, celui du don de soi-même pour mériter sa belle et constate avec regret que ce temps est fini. « Ca change, ça change » c’est une allusion directe à un changement de société, de comportement, en lien avec la notion de progrès.
Le refrain adopte un ton sans poésie et familier qui nous fait entrer dans la réalité de la société. L’amoureux appelle sa belle d’un prénom grotesque « Gudule » par ces mots« viens m’embrasser et je te donnerai ». La relation amoureuse est réduite à un vulgaire marchandage : un baiser en échange de produits ménagers dernier cri.
Avec une accumulation, Boris Vian évoque la consommation déchaîné d’appareils sophistiqués (« four en verre ») et de produits révolutionnaires (« draps chauffants). En concluant par « nous serons heureux », il réduit le bonheur au plaisir de posséder des biens matériels. L’amélioration du cadre de vie fait devenir les gens matérialistes.
Le couplet suivant parle d’une des conséquences de ce matérialisme : « on se garde tout » l’avidité et les luttes enragées pour conserver nos objets dont on ne veut pas se séparer. Ces appareils deviennent l’objet d’un chantage lors des disputes du couple : « … excuse-toi ou je reprends tout ça ». Avec des néologismes ou des mots valises, le poète crée à son tour de nouveaux produits « mon tabouret à glace », « mon repasse-limace », « atomixeur ». Plus on progresse dans le texte et plus les objets imaginés désignent des fonctions inutiles, absurdes et destructrices : « canon