Histoire des relations internationales
L’Histoire des relations internationales n’est pas une discipline nécessairement bien connue des autres spécialistes « internationalistes ». Il faut dire qu’il existe en France, plus qu’aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, un compartimentage des disciplines s’intéressant aux relations internationales.
D’où ce déficit de connaissances réciproques, d’où ce manque de synergies.
Une des grandes vertus de l’Annuaire Français de Relations Internationales est de créer cet espace nécessaire de rencontres entre disciplines. Voici donc une opportunité de faire connaître les travaux des historiens français, de montrer qu’ils s’intéressent aussi aux interrogations formulées par d’autres sciences humaines et sociales et de souligner ce qui paraît relever spécifiquement de leur territoire.
L’historiographie française (1) des relations internationales : autour des « forces profondes » et des « Processus de décision »
Un point de départ : Pierre Renouvin et Jean-Baptiste Duroselle
L’historien Pierre Renouvin est à l’origine d’un grand tournant épistémologique
: dès les années cinquante, il a exprimé la volonté de dépasser la notion d’ « Histoire diplomatique » pour la remplacer par celle d’« Histoire des relations internationales ». À ses yeux, l’histoire des relations entre diplomates, entre chancelleries, l’histoire des relations interétatiques sont insuffisantes : « horizon trop restreint », écrit-il. Dans la perspective élargie de
Renouvin, « les rapports entre les gouvernements cessent d’être le centre d’inté-
(*) Professeur d’Histoire des relations internationales contemporaines à l’Université Paris I – Panthéon-
Sorbonne.
(1) Nous nous limitons ici à l’historiographie française, déjà riche et féconde. Signalons cependant deux livres importants qui font état respectivement de l’historiographie américaine et de l’historiographie allemande
: Michael J. Hogan/Thomas G. Paterson (dir.), Explaining