Histoire du droit
Il faut partir d’un exemple : de la Bible. Pas pour des convictions religieuse, ni pour une raison historique. Mais pour une raison juridique. Le récit de la Genèse est l’introduction de la Bible. On comprend par cette Genèse à quoi peut servir une introduction au droit. Le récit des trois premiers jours suffit pour nous donner une idée de ce qu’est et de ce que doit être une introduction. Une introduction est le récit d’une création. Elle ne produit en réalité rien de nouveau : la terre était déjà là, tout y était.
La création consiste moins en une production qu’en une séparation : l’eau est séparée de la terre, la lumière est séparée de la nuit… La séparation s’impose, car c’est elle qui va permettre de nommer, de qualifier. C’est grâce à elle que Dieu peut appeler, peut nommer le jour. Introduire doit permettre d’appeler, de nommer, de qualifier. Cette qualification sera essentiellement juridique, c’est-à-dire relative au droit. L’activité décisive de la pratique juridique consiste à donner un nom aux choses et les caractériser juridiquement. La translation d’un bien à un autre peut s’appeler vente, donation, vol…: des qualifications juridiques. Il est nécessaire de qualifier, de nommer, pour appliquer au fait le régime juridique. Ce pouvoir est considérable.
Nommer quelqu’un ou quelque chose, c’est le créer, l’appeler à la vie. C’est pour cela que le droit n’a pas toujours été perçu comme le propre de l’homme. Chaque civilisation a fait naître le droit à sa manière, selon sa conception de Dieu, selon sa conception des hommes. Le droit a pu naître d’un ordre divin, de la contrainte voulue par un pouvoir, de l’inspiration des philosophes, de la nécessité des échanges entre les hommes. Il n’y a donc pas une naissance du droit, mais des naissances.
Il ne faut pas croire que le droit des civilisations anciennes soit un droit archaïque, inachevé. Il ne faut pas penser que le droit a connu