Histoire du paysage français
L’Histoire du paysage français de Jean-Robert Pitte est un ouvrage que l’on pourrait peut-être le mieux qualifier de géographie historique, mais il faut noter qu’il existe des définitions contradictoires de cette sous-discipline. Pour certains la géographie historique fait un « traitement géographique de situations du passé »1. Elle est donc tout à la fois œuvre d’historien et de géographe puisqu’elle cherche à décrire et expliquer l’espace géographique d’un territoire donné, de façon diachronique ou synchronique. Elle étudie, en une série de tableaux plus ou moins statiques, l’évolution des formes d’occupation et d’aménagement du sol par les hommes et sociétés qui s’y sont succédés. Pour d’autres (comme chez Christian Grataloup), la définition précédente s’applique à la géohistoire et la géographie historique n’est jamais que synchronique.
Mais les choses se compliquent encore puisque Jean-Robert Pitte ne se contente pas du passé : son dernier chapitre, « Vers un paysage banal » traite de l’espace géographique contemporain à la rédaction de l’ouvrage. Cet ouvrage constitue donc une analyse paysagère diachronique de la France actuelle du quaternaire au temps présent. A partir d’un corpus de sources et de documents historiques divers, il cherche à identifier les grands facteurs sociaux, politiques, religieux, techniques, esthétiques et culturels qui peuvent expliquer les formes du paysage rural et urbain de l’espace français. Ceci nous amène tout naturellement à nous interroger sur l’usage du concept de paysage chez Jean-Robert Pitte, auquel il consacre l’essentiel de l’introduction de son ouvrage.
Dans son sens le plus élémentaire, le paysage désigne ce que l’on peut voir d’un pays. C’est ainsi que, par delà la polysémie du terme et les controverses, Jean-Robert Pitte le définit dés le début de son introduction, comme un « aspect de la surface de la Terre ». Dés la naissance de la