Hobbes
La tâche est plus ardue depuis la publication, cet été, de notes des services de renseignement révélant le caractère «ultraminoritaire» du phénomène (367 femmes seraient concernées selon la comptabilité à l'unité près de la DCRI!). Mais cela ne devrait pas arrêter les promoteurs d'une loi d'interdiction, qui convoquent, pour dénoncer ces «prisons ambulantes», alternativement trois types d'arguments: l'égalité entre les sexes, le principe de laïcité et la sécurité publique.
Résumons les enjeux. Peut-on interdire à une personne de s'habiller comme elle le désire au nom de l'idée que l'on se fait de sa dignité? Que faire des libertés individuelles, quand nombre de femmes disent porter le voile intégral de manière volontaire, certaines étant des Françaises converties? Peut-on bannir la burqa au nom de la laïcité alors que la libre manifestation des croyances dans l'espace public est un principe constitutionnel? Le maintien de l'ordre autorise-t-il l'État à dicter des comportements vestimentaires? La sécurité du pays est-elle plus menacée par la présence de femmes totalement voilées ou par l'écho, à l'échelon international, des déclarations les plus virulentes en faveur d'une loi?
Ces questions, complexes et largement débattues, en cachent d'autres, qui transparaissent en filigrane: la République française supporte-t-elle la présence de femmes voilées sur son territoire? Quelle place l'État