Parvenu au terme de notre réflexion, il apparaît que la liberté, en son sens métaphysique, n'est ni vérifiable expérimentalement ni défendable sur le plan théorique, sauf au prix d'une multiplication d'hypothèses qui paraissent peu raisonnables : postuler l'existence d'une âme, faire de l'homme un hapax naturel, considérer la volonté comme une causa sui, penser qu'il y a des expériences indubitables, etc. Et pourtant, il serait absurde de nier qu'il y a bien des moments où nous nous sentons libres, et que ce mot a un sens très concret pour les êtres humains. Alors qu'est-ce, au fond, que la liberté, si elle doit être compatible avec son contraire : le déterminisme ? La liberté, c'est le mot courant qui correspond à l'expérience de l'homéostasie. L'homéostasie est l'état d'équilibre intérieur dynamique dans lequel se trouve un individu lorsqu'il y a adéquation entre ses aspirations et ses attentes naturelles ou intériorisées et les possibilités de satisfaction offertes par le monde extérieur15. Elle correspond à l'état d'harmonie, de plénitude, de bien-être ou de joie que nous éprouvons lorsque nous sommes l'objet d'une telle expérience et dont l'une des manifestations sociales ou réflexives est le sentiment de fierté. La science atteste sans équivoque du fait que la liberté n'est pas une faculté, ni aucune sorte de pouvoir métaphysique de s'excepter des lois de la nature, mais tout au contraire, conformément au concept d'homéostasie, qu'elle est l'expérience que nous faisons de nous-même lorsque nous nous éprouvons sur le mode d'un sentiment de puissance, de maîtrise, de facilité, de possession de soi et d'appartenance positive. Un être humain est donc par nature, pour le dire pompeusement, une homéostase néguentropique, c'est-à-dire un système dynamique orienté vers la mise en ordre systématique de son environnement et des éléments symboliques à travers lesquels il interprète la réalité afin qu'il y ait entre eux une harmonie ou adéquation propre