1. Gas , 1940. Cette grande huile, vide et désolée, est une des gloires du MoMA de New York. Ni vraiment ville ni vraiment campagne. La lueur jaune sur une nature presque morte est le résumé visuel de la civilisation américaine, thème que reprendra le Californien Ed Ruscha avec ses stations-service et ses parkings. Hopper l'a préparé méthodiquement, comme le souligne le livre Edward Hopper, de l'œuvre au croquis (Éditions Prisma, 32 €). Story-board d'une œuvre? Il dessine et commente son idée. «Lumière de fin de crépuscule, enseigne Mobil Oil blanche avec cheval rouge éclairé du dessus, pompes à essence rouges (3) éclairées, projetant de la lumière sur la route mastic. Route gris foncé, forêt de pins vert foncé (…) Bord de la route, sur un côté, avec herbes hautes de couleur claire, paille devenant rougeâtre (notez la lumière familière et envoûtante de l'enseigne)». L'ambivalence naît du réalisme, voire du vérisme, et de l'aliénation par la lumière (Hopper, Rolf G. Renner, Taschen, 7,99 €).
"Gas" (1940, huile sur toile). Commentaire de Philippe Djian : "Que fait ce type tout seul ? Qu'est-ce qu'il trafique à côté des pompes à essence ? Ce doit être un employé de la station parce qu'il n'y a aucune voiture. Il règne une atmosphère très étrange dans cet endroit planté au milieu de nulle part, endroits qui sont familiers aux Américains, habitués à découvrir des motels en plein milieu du désert. Les couleurs sont vives, on imagine que la scène se déroule au crépuscule et que le soleil vient de se coucher derrière les arbres. Le jeu des ombres est très particulier et l'origine de la lumière semble improbable. Ces langues claires qui courent sur le sol sont complètement arbitraires. Le sentiment de l'isolement est étouffant. Même les pompes paraissent solitaires !" (2012 DIGITAL IMAGE, THE MUSEUM OF MODERN ART, NEW YORK)
Edward HopperGas1. Données factuelles:Edward Hopper est né le 22 juillet 1882 à New York et est mort le 15 mai 1967. Il est américain de